Histoire générale

Depuis un siècle et demi, l’histoire de Mérignac a rejoint celle de la fusion des hameaux et des petits « villages » ruraux pour former le territoire des quartiers, aux limites assez floues mais portant chacun la tradition d’un passé spécifique. En effet, une véritable culture locale s’est perpétuée, basée sur les coutumes et l’activité économique.

La géographie des quartiers va évoluer, les rapprochant progressivement. Ils se structurent au fur et à mesure du développement de la voirie, de l’urbanisation et de l’industrialisation. L’installation au cours des décennies des équipements administratifs, scolaires, sportifs et culturels va transformer progressivement le territoire des Quartiers en divisions administratives de la ville moderne.

Et ainsi, nous arrivons à Beutre où, au 18ème siècle, passait l’unique grande voie de communication qui traversait la ville et se dirigeait vers l’océan…

L’origine du nom « Beutre » est incertaine : est-ce un dérivé d’un nom celte, basque, latin ? De nombreux vestiges préhistoriques ont été retrouvés sur le quartier (néolithique et mégalithe). Les menhirs ont disparu au 19ème siècle, vraisemblablement majoritairement utilisés comme matériaux de construction.

Beutre est le quartier géographiquement le plus élevé de Mérignac. C’est ici que le ruisseau Les Ontines prend sa source, au cœur de Beutre dont il draine la nappe phréatique.

Un plan de Beutre au 18ème siècle montre 6 à 7 habitations, dispersées sur le secteur, entourées de lopin de vignes et de petites parcelles cultivées, encadrées par les sablons et les forêts.

Au 19ème siècle, Beutre sert d’étape aux bouviers transportant bois, résine ou poisson entre Le Las et Mérignac. On entend surtout du patois gascon autour des tables de l’auberge. Les bouviers y côtoient les moutonniers et les charbonniers de la lande, partageant le vin de l’aubergiste ou d’un de ses amis. Le village est aussi un des derniers grands marchés à bestiaux sur la commune : dans les années 1880 les foires ont lieu le 15 avril et le 15 octobre ; en 1912, une centaine de vaches laitières y sont encore vendues.

Au 19ème siècle, il n’y a pas d’église à Beutre : il faut se rendre au bourg, à 6 kilomètres. Les 200 habitants de Beutre en 1880 veulent leur propre église mais le Conseil Municipal refuse de peur que Beutre ne devienne une commune indépendante. Les fonds recueillis par souscription permettront la construction de la chapelle Notre-Dame de Beutre, dépendante de l’église Saint-Vincent de Mérignac.

En 1887, la première école publique ouvre à Beutre, dans un local loué à un particulier. L’école ne sera clôturée qu’en 1922. Au milieu du 19ème siècle, l’urbanisation de Beutre est surtout liée à la population transférée suite à la déconstruction de Mériadeck. Cela va conduire à la construction d’un nouveau groupe scolaire de 1950 à 1954, le groupe Oscar Auriac, du nom d’un Inspecteur d’Académie de la Gironde, fondateur de l’Ecole de Plein Air du Tenet à Arlac et instigateur de la kermesse annuelle des écoles publiques au Parc Bordelais.

Durant la guerre, l’occupant construit une voie ferrée de Gazinet à Beutre pour ravitailler la base en carburant, en munitions et acheminer les pièces nécessaires à l’entretien du matériel volant. L’actuelle piste cyclable Beutre-Pessac a été ouverte à l’emplacement de cette voie ferrée.

A compter du 1er juillet 1940, les autorités allemandes occupent la base militaire de Beutre et l’aérodrome civil de Teynac. La Luftwaffe représente 5000 à 12000 hommes, soit la majeure partie des troupes allemandes à Mérignac. Le Flieger Fuhrer Atlantika couvrait le port de Bordeaux, le plus méridional du 3ème Reich, protégeait les sous-marins qui s’attaquaient aux Alliés dans l’Atlantique et les navires forceurs de blocus. Beutre et les alentours font l’objet de bombardements destructeurs par l’aviation anglaise puis américaine. La Résistance mène des actes de renseignements pour informer les Alliés des cibles à détruire et procéder à des sabotages de matériel et d’installations. Les tonnes de bombes larguées trouent les pistes, écrasent les hangars mais touchent aussi la population civile. Une partie de la chapelle de Beutre devra être reconstruite.

De 1985 à 1996, un « Projet de Quartier » transforme radicalement l’ancien village autour du Carrefour de Pagneau. Au sud de Beutre, « Pagneau » était l’aboutissement du chemin du même nom, ayant remplacé celui de Pradinat figurant au 18ème siècle. Les hameaux de Courtillas, des Deux-Poteaux, de Langueron, de Sabatey et de Viques entouraient le « village » de Beutre ; les noms de ces lieux ne sont plus rappelés que par quelques chemins.

Les espaces extérieurs des cités sont rénovés et embellis, une mairie annexe et un bureau de poste ouvrent leurs portes dans le nouveau centre commercial. L’école maternelle ouvre derrière l’école élémentaire Oscar Auriac déjà existante. En 2003, la médiathèque ouvre une antenne de quartier et le dojo ouvre ses portes.

L’ancien chemin du 19ème siècle qui joignait Arlac à Pagneau à travers vignobles, champs et landes est désormais remplacé au 21ème siècle par l’Avenue François Mitterrand, axe majeur de circulation, entre bitume et nature. En mai 2007, la « rocade de Beutre » désenclave le quartier de ses difficultés avec la RD 106.

Les grandes installations

Les prés et landes de l’Ermitage changent profondément d’apparence en 2007 avec le projet comprenant la construction d’un centre de Médecine et Chirurgie du Sport, l’installation de la Clinique du Sport, la création d’un Bioparc destiné à accueillir des entreprises de la Santé, de la Pharmacie ou de la Nutrition et l’installation d’un hôtel avec balnéothérapie.

Le Conservatoire de l’Air et de l’Espace est un musée né en 1987 sous l’impulsion de R. Lemaire, ancien ingénieur-navigant chez Dassault. Les 52 appareils de la collection sont abrités dans le hangar Eiffel HM2 appartenant à la Base Aérienne 106. La collection comprend entre autres la gamme complète des avions de combat Dassault. Plusieurs projets sont toujours à l’étude pour « mettre en valeur ce patrimoine aéronautique de la région ».

Médecins Sans Frontières a installé sa base logistique sur le Domaine de la Fontaine. La chartreuse du 18ème siècle, restaurée, abrite le centre de formation. Les anciens bâtiments de l’usine Pernod (années 1970) servent d’entrepôts à M.S.F.

Petite anecdote : les 3 « Beau Séjour » de Mérignac

Il est curieux de constater qu’à Mérignac, 3 domaines ont porté le nom de Beau Séjour : 2 à Beutre (celui à la limite de Pessac et le refuge actuel de la S.P.A. avenue de l’Argonne) et le Beauséjour d’Arlac.  » Comme si la vie d’antan était déjà agréable à Mérignac ! «