Première Guerre Mondiale
On dénombre 262 morts mérignacais durant la Première Guerre mondiale.
Les hommes étant mobilisés, on voit les exploitations agricoles diminuer et le vignoble régresser. Alors qu’on dénombre 65 grands domaines en 1883, ils ne seront plus que 16 en 1944.
Durant la guerre, les chartreuses sont transformées en centre de soins pour les blessés. En 1917, les américains transforment les bâtiments du camp d’aviation de Beaudésert en hôpital militaire.
L’industrialisation progressive
De 30 chemins en 1887, on atteint 50 chemins en 1909. Ce n’est qu’en 1901 que la première plaque de rue est posée à Mérignac. C’est à Beaudésert en 1910 qu’apparaissent les premières routes goudronnées de la commune à l’occasion de la Grande Semaine de l’Aviation. Ce grand meeting aérien va aider à conquérir le public pour l’aviation naissante (voir page dédiée à l’histoire de l’aéroport).
La population augmente de 44% de 1881 à 1906. A partir de 1910, la naissance d’un urbanisme rural pavillonnaire en lieu et place des anciens grands domaines, lié à l’accroissement démographique, commence à faire perdre son aspect rural à Mérignac.
Au 20ème siècle, Mérignac devient la 3ème ville d’Aquitaine. Progressivement, l’industrialisation de Mérignac redessine le paysage de la ville. Le début du siècle voit la transformation des hameaux en quartiers de plus en plus urbains : voirie goudronnée, extension des réseaux d’eau, d’électricité et de gaz, prolongement du tramway depuis le bourg jusqu’au camp d’aviation.
1912 : la gare de Caudéran Mérignac est desservie par la voie ferrée de ceinture.
1929 : installation du réseau de gaz et vote de la gratuité scolaire par la Mairie.
1937 : le Ministre de l’Air inaugure le nouvel aéroport, port aérien le mieux équipé de France. Le site s’étend sur 240 hectares incluant la Base Aérienne de Beutre. La construction et la maintenance aéronautique sont des secteurs en plein développement.
Dans les années 1930, le 1er de chaque mois paraît le « Journal Local d’Information », avec pour sous-titre « La Tribune de Mérignac ». Il relate la vie politique municipale tout en conservant encore une large place à la vie agricole.
Seconde Guerre Mondiale
En 1940, le gouvernement de Vichy confirme le maire Benjamin Soufrignon à son poste. L’équipe municipale s’efforce de gérer la commune sans heurter la Kommandantur allemande ni répondre à toutes ses demandes, en particulier le ravitaillement et les réquisitions.
Extrait du journal Libération du 08 octobre 1997
« 1940: l’ordre «nouveau»
27 juin. Deux phrases dans un coin de page de la Petite Gironde: «Jeudi matin, un détachement allemand a traversé la ville pour se rendre vers les lieux d’occupation. Il n’y a eu aucun incident.» Le 28, le général von Faber du Faur installe ses troupes dans les casernes, l’administration allemande dans les grands hôtels du centre-ville, la Feldkommandantur à la cité universitaire. Les travaux d’aménagement (2 millions de francs) sont à la charge de la commune. Bordeaux appartient désormais à la «zone occupée». Jusque-là, les 200 000 habitants vivaient au rythme des bombardements de mai et de juin, la ville croulait sous l’afflux des réfugiés de l’exode (plus de 1 million en Gironde)
Le 1er juillet, le préfet Bodenan fait les honneurs des salons de la préfecture au général allemand. Il lui offre des fleurs, un vase de cristal, cadeaux habituels de la Gironde à ses hôtes de marque. Au palais Rohan, siège de l’hôtel de ville, Adrien Marquet, un ancien socialiste réélu maire en 1935, plaide pour «l’ordre nouveau qui doit supprimer les inégalités, les injustices et les misères». Adrien Marquet vient d’être nommé ministre de l’Intérieur du premier gouvernement Pétain. A Vichy comme à Bordeaux, il va s’appliquer à «concilier les points de vue allemand et français». Bordeaux se transforme en trois jours. Le drapeau hitlérien flotte sur les édifices. Dans le port, les bateaux cèdent la place aux croiseurs et aux sous-marins. Les commerçants ont obligation d’accepter la monnaie allemande, 1 Reichsmark pour 20 F. Les troupes de la Wehrmacht ont la priorité dans les tramways. Le 1er juillet, à 23 heures, l’horloge de la cathédrale Saint-André est avancée d’une heure. Bordeaux se met à l’heure allemande. L’heure des «avis à la population». »
A Mérignac, le 1er juillet 1940, l’armée française remet la Base Aérienne aux autorités allemandes qui utilisent également les usines aéronautiques pour fabriquer les avions de chasse et les bombardiers. L’aéroport devient une base stratégique et la cible des pilonnages alliés. Le coût de la vie est en forte hausse et de nombreux Mérignacais sont obligés de travailler pour les Allemands.
Suite à l’assassinat d’un major allemand par la Résistance, la ville doit contribuer à hauteur de 411.644 francs à l’indemnité de guerre réclamée par l’Occupant, après avoir fusillé 50 otages.
Le Camp d’Internement de Beaudésert voit séjourner près de 1.700 personnes.
Dès janvier 1944, l’armée occupe le Château du Parc. Mais à partir du 14 juillet, l’armée allemande quitte progressivement la région pour rejoindre le front en Normandie.
Robert Brettes
En août 1944, Robert Brettes – dit « Santerre » – devient maire de Mérignac.
Robert Brettes (1902-1974) est un grand bâtisseur. A la fin de la guerre, Mérignac se compose à 96% de prés, pâtures, bois, landes, terres maraîchères, vignes et jardins. Robert Brettes contribue à construire un tissu urbain, économique et social, tout en conservant le maillage historique des quartiers. Il sera maire de Mérignac de 1944 jusqu’à sa mort en 1974. Reconnu comme un homme politique habile, modéré et fédérateur, il reste profondément attaché au monde rural. Pendant 30 ans après-guerre, il met tout en œuvre pour développer et embellir Mérignac, en faire une ville moderne. De 1944 à 1974, la population de Mérignac va connaître une formidable expansion démographique en étant multipliée par 4.
Il faut une rénovation urbaine totale (logement, éducation, transports, loisirs, emplois…). Prémices de « Mérignac, la ville verte », la municipalité de Robert Brettes refuse l’entassement des habitants dans certains quartiers et veut présenter un cadre « champêtre et forestier ». La physionomie de Mérignac change : d’abord des bâtiments collectifs locatifs puis du pavillonnaire dans les années 1970. En 25 ans, Mérignac voit ses habitants augmenter de 165% mais la densité au km² reste faible avec des espaces verts préservés.
La politique de Robert Brettes comprend l’expansion scolaire (davantage de classes et d’élèves avec agrandissement des écoles existantes ou création d’établissements) et le développement de la politique culturelle (développement et création d’équipements mais également de manifestations culturelles).
Les premiers grands centres commerciaux de la région de Bordeaux sont à Mérignac : en 1965, le premier supermarché place Charles de Gaulle ; puis en 1969, ouverture de Mérignac Soleil.
Michel Sainte-Marie
Après le décès de Robert Brettes en septembre 1974, c’est Michel Sainte-Marie qui est élu et restera maire plus de 34 ans. Il est le père de nombreux projets tels que le tramway moderne, la médiathèque, l’aéroparc, le bioparc… Il installe la Mairie au Domaine du Vivier. Il fait cohabiter les parcs technologiques et l’industrie aéronautique avec des zones résidentielles.
Au début du 21ème siècle apparaît une nouvelle dimension de la politique d’aménagement : le renouvellement du tissu urbain est contenu intra-rocade pour stopper l’étalement. Cela engendre la mutation de l’existant et la densification de l’habitat, limite l’expansion des ZAC et protège les paysages et la coulée verte. Les espaces verts communaux sont davantage ouverts au public.
En 2003, Mérignac est la 1ère ville de Gironde à mettre en pratique l’Agenda 21.
Depuis 1977, il y a une volonté de mettre en valeur le patrimoine ancien de la ville : Vieille Eglise, Chartreuse de Marbotin, Maison Carrée d’Arlac… Les infrastructures sportives sont également développées.
La ville prend une nouvelle dimension économique : création de Bordeaux Technowest, installation de la base logistique MSF en 1992 dans l’ancienne usine Pernod au Domaine de la Fontaine.
1998 : la ville se dote d’un site internet
Avec près de 4000 entreprises, Mérignac est le premier pôle économique d’Aquitaine.
L’aéroport est agrandi du terminal Billy alors que la fréquentation est en hausse. Les 47 hectares de l’ancien Domaine de Pelus accueillent une nouvelle ZAC dédiée au tertiaire et à la restauration.
Les années 2000 sont celles de la transformation du « cœur de ville » : tramway (2007), médiathèque (2005-2007), restructuration autour de la Vieille Eglise, remodelage de la Place Charles de Gaulle.
Empruntons ce bilan à Ginette et Pierre Gilliard, auteurs de « Origine et essor des quartiers de Mérignac »
« Plus de 60 ans de socialisme municipal efficace et bien assis sur de solides ressources financières ont permis la construction d’une ville moderne, la 2ème de Gironde et la 3ème d’Aquitaine. En même temps, Mérignac est devenue la « Porte de l’Aquitaine ouverte sur le Monde ». Historiquement, l’identité extra-urbaine des anciens Mérignacais, définie comme une culture de quartier et de « petits villages », primait sur l’unité communale : les gens étaient d’abord de Capeyron, de Beutre, d’Arlac… avant de revendiquer éventuellement l’appartenance à un même grand village central, le « Bourg ». L’idée d’un centre-ville ne viendra que bien plus tard… lorsqu’un habitant sur 3 résidera sur la commune depuis moins de 5 ans. L’urbanisation va relier progressivement les quartiers, une tradition de ville moderne s’installe petit à petit, mais les gestionnaires de la Cité ont su raisonnablement protéger les grands espaces vers issus des anciens grands domaines, comme ils ont su aussi redonner de l’importance au maillage des quartiers dans le cadre de la démocratie de proximité initiée par les Conseils de Quartier et leur corollaire « Voisins solidaires ». La maîtrise d’une urbanisation durable, alliée au souci constant d’approfondir la relation démocratique avec et entre les citoyens, a contribué au développement d’une qualité de vie unanimement reconnue et attire de plus en plus d’habitants vers Mérignac.«