Création du site de l’aéroport

En 1906, un terrain sert de terrains d’essai aux premiers aviateurs. En 1910, une grande surface de landes est louée au lieu-dit « Beau-Désert » pour organiser une grande semaine aéronautique. A cette occasion, la première liaison entre Paris et Bordeaux est assurée en 7 heures de vol réparties sur 3 jours. L’année suivante, Michel Issartier – créateur d’une école d’aviation civile – acquiert un terrain du Domaine de Teynac qui sera l’embryon du futur aérodrome.

En 1917, le Ministère de la Guerre acquiert 60 hectares de terrain sur la partie nord du Domaine de Teynac, un secteur qui correspond à peu près à l’emplacement actuel des aérogares A et B.

En 1920, le Ministère acquiert 34 hectares supplémentaires. S’ensuivront 12 ans de travaux de drainage ! Dès le mois de décembre 1920, l’aérodrome public est officiellement ouvert avec une distance d’atterrissage maximale de 400 mètres.

En 1928, l’aérodrome s’agrandit de 124 hectares puis, en 1935, on ajoute encore 140 hectares.

La Première Guerre Mondiale

Durant la Première Guerre mondiale, les écoles de pilotage et de mécanique se multiplient grâce au développement de l’aviation dans l’armement militaire.

En avril 1917, les Etats-Unis entrent en guerre. Le port de Bordeaux devient un lieu de débarquement privilégié. De fait, plusieurs sites américains sont implantés en Gironde, notamment un hôpital construit à Beau-Désert. Le site est desservi par une voie ferrée et permet de soigner les blessés avant leur rapatriement.

L’Entre-Deux Guerres

Le début des liaisons régulières

De 1920 à 1922, une liaison Bordeaux-Toulouse-Montpellier est assurée avec une capacité de 2 passagers par vol.

De 1920 à 1925, des liaisons Toulouse-Casablanca sont également mises en place et permettront de relier ensuite Dakar. De 1928 à 1931, un vol Paris-Biarritz est assuré avec une étape à Bordeaux.

En 1928, le premier vol régulier Bordeaux-Toulouse assure la correspondance avec la ligne de l’Aéropostale desservant l’Afrique Occidentale et l’Amérique du Sud. La région de Bordeaux entretient une forte activité de négoce et des échanges industriels avec ces régions du monde. Le fort développement de la « Postale » durant ces années est très clair dans les chiffres : 50 kg par semaine en 1929, 100kg par semaine en 1932, puis 300kg par semaine en 1938.

L’expansion de l’aérodrome

En 1922, un centre d’entraînement des pilotes civils de réserve est ouvert. L’aérodrome devient le témoin des vols d’essai des avions développés à Bacalan, y compris les prototypes.

Dans la seconde moitié des années 1930, l’aérodrome se développe de manière importante avec la construction de 2 pistes en dur, la base militaire, l’aérogare civile et de grands hangars…

En 1935, 12 hangars (66 m x 70 m) sont construits pour un usage militaire. L’année suivante, la base de Beutre est officiellement implantée entre l’aérodrome et la route Bordeaux-Cap Ferret. Peu après, Marcel Bloch (qui sera davantage connu sous son nom de résistant, Marcel Dassault) est nommé administrateur de la SNCASO (Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest).

En 1938, Air France Atlantique demande la construction de pistes en dur car le terrain marécageux, surtout l’hiver, ne permet pas le décollage des futurs avions à grand rayon d’action. Le Ministère de l’Air finance 2 pistes à hauteur de 8 millions de francs à condition que la Chambre de Commerce s’engage pour 4 millions de francs et la ville et la région pour 3 millions chacune. En 1939, la piste n°1 (11/29) est en construction. A la fin des travaux l’année suivante, ceux de la piste n°2 (aujourd’hui piste principale) débutent.

En 1939, la « Postale » connaît un véritable succès : la mise en place du vol de nuit permet de collecter le courrier le soir pour le distribuer dès le lendemain matin. 6 nuits par semaine, il y a un échange à Bordeaux entre les avions arrivant de Paris et de Pau.

Durant cette période, on assiste également à un combat entre les avions et les hydravions pour le survol de l’Atlantique Nord. Des projets d’aérogares pour hydravions voient le jour, certains aux bassins à flot, d’autres sur le Bassin d’Arcachon.

La Seconde Guerre Mondiale

Face au Pacte d’Acier Allemagne-Italie, l’Ecole de l’Air quitte Salon-de-Provence en août 1939 et s’installe à Bordeaux.

Les premières bombes allemandes tombent sur Bordeaux le 06 juin 1940. Après la destruction de l’aérodrome, on reconstruit provisoirement en bois.

Au départ de Bordeaux, le Bombardier Jules Verne peut transporter 8 bombes de 250kg chacune, accrochées sous le fuselage, tandis que l’équipage peut jeter manuellement 80 bombes incendiaires de 10kg chacune. Il bombarde Berlin, Rostock et jette des tracts sur Rome.

Face à l’avancée allemande, le gouvernement français s’installe à Tours puis se replie sur Bordeaux en mars 1940. Les militaires affluent au côté du gouvernement. Les « 3 journées bordelaises », décisives au niveau politique, ont lieu les 15, 16 et 17 juin 1940 : les partisans de l’armistice prennent le pas sur les partisans de la poursuite de la guerre depuis les colonies. De Gaulle, minoritaire au gouvernement, s’envole de Mérignac le 17 juin vers Londres d’où il lancera le célèbre « appel du 18 juin ». L’armistice avec l’Allemagne nazie sera signé le 22 juin par le gouvernement français.

En occupant Bordeaux, l’Allemagne récupère une installation quasiment neuve, l’une des meilleures infrastructures d’Europe. De nombreux avions français ont été abandonnés à l’aérodrome. Seule la 2nde piste en dur reste à terminer : cela permettra le stationnement des avions les plus lourds, notamment les bombardiers à long rayon d’action. Les Condors qui décollent de Bordeaux, sillonnent l’Atlantique et attaquent les convois alliés en soutien aux U-boots qui partent de la base sous-marine. L’aérodrome sera le point de départ des Allemands contre les poches de résistance. La population oscille entre soutien à Pétain et résistance, STO ou rejoindre le maquis.

L’aérodrome est bombardé à plusieurs reprises par les Alliés. Les Condors sont stationnés sous des arbres ou des filets. Les voies de dispersion qui relient ces caches à l’aéroport sont encore parfois visibles aujourd’hui. Entre 1944 et 1945, l’aéroport est détruit par des bombardements alliés. Les Allemands font sauter ce qui reste des installations avant de fuir. On trouve un monument aux morts des salariés de la construction aéronautique au nord du terrain de Mérignac, sur le site de la SOGERMA.

L’après-guerre

Le contrôle aérien est assuré par les Anglais du « flying control ». Les équipages français ayant bombardé l’Allemagne depuis l’Angleterre sont acclamés lors de leur retour à Mérignac.

Après la guerre, 3 domaines d’activité se renforcent à Mérignac : les ateliers de construction aéronautique, la base militaire et les lignes aériennes civiles. Dès 1946, l’industrie aéronautique de Bordeaux se démarque dans la conversion des avions militaires. La Postale reprend les vols de nuit et Air France assure à nouveau le transport des passagers. A l’aérodrome, 2 baraques sont reconstruites : 1 pour la direction et 1 pour les PTT. La base aérienne installée en 1936 devient la BA106.

Les prisonniers allemands déblaient les ruines de l’aéroport. Sont construits une aérogare, un restaurant, des bureaux, une tour de contrôle. L’inauguration a lieu le 3 août 1947. Ces installations provisoires dureront 12 ans. C’est une année charnière avec l’installation de taxiways (chaussées pour avions composées de plaques métalliques qui s’emboîtent) et l’ouverture d’un centre de contrôle régional. Les DC-4 et les Constellations traversent l’Atlantique Nord avec une seule escale (l’Irlande ou Terre-Neuve). Les hydravions ne peuvent plus rivaliser et les projets de bases aquatiques sont abandonnés.

Marcel Dassault obtient son premier marché d’après-guerre : il remporte une compétition nationale avec le MD 315 Flamant, obtenant une commande de 300 appareils. Fabriqués à l’usine de Talence, ils sont assemblés dans l’un des hangars rénovés de Mérignac que l’aéroport prête à l’entreprise. C’est le début de l’envol industriel de la société, avec d’abord une spécialisation dans les avions militaires.

En 1949, l’aéroport est divisé en 3 pôles :

  • au nord, la zone industrielle avec Dassault, desservie par la route Bordeaux-Martignas
  • à l’est,  la zone commerciale d’aérogares à créer avec une desserte par une nouvelle voie
  • au sud, la zone militaire de Beutre, desservie par la route Bordeaux-Saint Jean d’Illac – Cap Ferret

Depuis les années 1950

La base américaine

La décennie 1950 est celle des grands changements et investissements. Dans le contexte de la Guerre Froide, les USA créent de plus grandes bases en France. Bordeaux accueille une cinquantaine de bombardiers et plus de 250 avions de chasse américains ainsi que l’Escadron du Génie et l’Escadron du Train. La base établie sur l’actuelle gare de fret comprenait plus de 200 baraquements, des magasins de matériel et de vivres, un hôpital, un théâtre, 2 hangars à avions, une blanchisserie, une chapelle, un bowling, des clubs et foyers de soldats, une fabrique de glace, une banque, des salles d’école…

En 1958, les USA ayant quitté Mérignac, on pense à rapatrier du Maroc les écoles de l’Armée de l’Air.

Le 92ème Escadre de Bombardement et le Centre d’Instruction au Commandement sont déplacés à Bordeaux. Ils prennent la place des américains de manière provisoire… un provisoire qui durera 30 ans !

L’évolution de l’aéroport

En 1955, les 2 pistes sont rénovées et une zone de stationnement en dur est créée. Le balisage lumineux est mis en place sur toute la longueur des pistes. La piste secondaire est allongée de 620 mètres. En 1961, la piste principale est allongée de 300 mètres.

3 paramètres expliquent le développement du transport aérien :

  • 70% des échanges se font vers les colonies et les protectorats,
  • l’avion est devenu un moyen de transport privilégié en moyen-courrier avec 85% du trafic vers l’Afrique du Nord et l’Europe,
  • dans 80% des cas, l’avion concurrence le bateau.

Les lignes françaises et anglaises se développent à destination de Madrid et Lisbonne en faisant escale à Bordeaux. Des liaisons régulières vers le Maroc, l’Algérie, l’Afrique Occidentale Française et l’Angleterre sont également mises en place. Air France assure un réseau postal nocturne dans toute la France 6 jours sur 7.

Le 8 novembre 1959, la nouvelle aérogare est mise en service. Elle sera inaugurée officiellement le 20 mai 1960. Elle abrite également le centre de météo régional. L’augmentation des vols de tout type nécessite une coordination plus étroite dans la gestion de l’espace aérien.

Depuis les années 1960, la surface de l’aéroport est figée. Les grosses opérations se poursuivent avec l’extension de l’aérogare : 2 extensions côté piste, l’aérogare de fret, l’aérogare low cost… et plusieurs millions de passagers chaque année.

Les avions d’armes quittent Bordeaux. La circulation aérienne est simplifiée. D’autres services de la Défense s’installent.

Aujourd’hui, 8000 personnes travaillent dans l’emprise aéroportuaire.

Le développement de l’aéronautique

Les ateliers de la SNCASO deviennent la SFERMA (Société Française d’Entretien et Réparation de Matériel Aéronautique), la future SOGERMA. Ils transforment des avions militaires, se lancent dans les turbomachines puis s’occupent des Mystères IV.

Dassault monte en puissance régulièrement et construit de nouveaux ateliers pour les différentes chaînes de fabrication d’avions de chasse à réaction (séries Mystère puis Etendard puis Ouragan).

La construction et la maintenance aéronautiques poursuivent la production industrielle.

L’aventure Air Inter

Chaban-Delmas, Ministre des transports, tente de développer des lignes intérieures. Air Inter est créé en 1958 mais le déficit fait arrêter la compagnie en une année. Air Inter redémarre en 1960 et le vol Bordeaux-Paris devient régulier en 1962.